Lettre ouverte au Président de L’Équateur, Rafael Correa Delgado

17
décembre 2014

Monsieur
le Président,

Les
signataires de cette lettre ont appris avec étonnement que le gouvernement
équatorien avait décidé de révoquer unilatéralement le contrat de prêt à usage
établi en 1991 et concernant l’utilisation de l’immeuble de la Confédération
des Nationalités indigènes d’Equateur, la CONAIE. Il nous semble évident que la
raison invoquée (l’utilisation de ces locaux pour y installer un centre de
réhabilitation de jeunes toxicomanes) n’est pas convaincante: un État
comme l’Équateur dispose de nombre de locaux en meilleurs conditions et mieux
adaptés à cette fin. Cette mesure est injustifiée.

Plus
qu’un simple acte de représailles, il s’agit d’un manque de respect envers la
mémoire et l’histoire d’une organisation à laquelle l’Équateur doit toute une
série de luttes démocratiques et de transformations sociales extraordinairement
profondes et positives. Loin d’être une décision administrative sans
arrière-pensée politique, cela nous semble être une manifestation de sectarisme
extrêmement préoccupante. Et loin d’être un acte isolé, ce dernier incident
couronne une série d’épisodes d’intolérance envers les critiques adressées au
gouvernement par une gamme très variée de mouvements sociaux.

Il
nous semble que le gouvernement équatorien peut se passer de tels faux pas et
perd son autorité morale à travers cette logique de démonstration de force et
d’intimidation. Il n’est pas trop tard pour rectifier. Ce serait un acte
courageux d’intelligence politique et de générosité de votre part que de donner
un signal éminent de reconnaissance de la geste émancipatrice de la plus
importante organisation des peuples et des nationalités indigènes de
l’Équateur. Les peuples des Amériques et les forces progressistes du monde
entier n’ont pas oublié pas cette glorieuse histoire. Vous ne devriez pas non
plus l’ignorer.

Sincères salutations,