Coopération ONG/Gouvernement à Port-Bouët

L’étude de Port – Bouët est un peu la synthèse des problèmes que rencontrent les ONG locales en Côte d’Ivoire: le barrage institutionnel.

La Banque a préféré initié un véritable projet de partage des rôles pour la construction de petits équipements dans la commune qui a les caractéristiques suivantes:

  • Responsabiliser la mairie dans la maîtrise d’ouvrage du projet.
  • Intégrer les ONG pour leurs compétences d’animation en qualité de maître d’œuvre social.
  • Construire de nouvelles capacités pour les ONG. Le projet a estimé qu il fallait construire dans les ONG des compétences et des savoir faire relatifs aux technologies intermédiaires (pavage latrines réseau dégoûts à faible diamètre). Cela leur permettrait de ne pas être uniquement limitées au seul produit des techniques d’animation qui tes rends peu crédibles (animation folklorique.)
  • La participation des organisations locales à tous les stades de la conception du projet, participation financière mais aussi participation au diagnostic, à la proposition d” aménagement, au suivi des travaux et a la gestion des équipements. Tous ces aspects de l’implication des organisations de base sont nouveaux dans l’ensemble en Côte d’Ivoire.
  • Les organes de l’État devraient avoir une attitude conforme à la politique de décentralisation en appliquant le principe de la gestion partagée et soutenir le projet de développement local.

Le GREA [1] faisait l’hypothèse que l’observation de cette démarche de partage des rôles était la voie pour parvenir à un processus de développement local efficace et à la durabilité des équipements desprojets.

Tout le processus de mise en oeuvre est resté bloqué en grande partie pour des causes institutionnelles. Les différentes Administrations ont, en effet, opposé à la mairie qu’elles avaient des attributions et des compétences qu’elles ne pouvaient pas déléguer ni aux communes ni aux ONG, même si les textes de la politique communale laissaient croire te contraire et donnaient un certain pouvoir aux collectivités territoriales. Ces oppositions se doublent du fait que les Administrations limitent l’utilité des ONG à l’animation des groupes.

La résistance de l’Administration à libéraliser la gestion urbaine est le frein te plus important à l’action des ONG en Côte d’Ivoire. Elle a été àla base de nombreux échecs de projets dont le plus important est le projet de développement des communes financé par le PDM (Programme de Développement Municipal).

L’État a reçu du PDM des fonds de l’ordre de 8 milliards destinés au financement de projet de développement local. Mais le refus de responsabiliser tes communes dans la gestion de ces fonds n a permis qu’un taux de réalisation de 10% du projet après quatre ans. Ces aspects ont conduit à la mise en oeuvre du projet PACOM [2].

Conclusion

Le projet pilote d’assainissement de Port – Bouët a échoué pour une raison: le manque d’un véritable sens du partage des rôles entre la mairie et les différents niveaux des structures de l’Administration. La décentralisation reste encore trop schématique et caricaturale. Elle ne permet pas un véritable esprit de partenariat entre les communes et les organes de l’État.

Les problèmes de coopération que rencontrent les ONG avec l’État sont vécus au travers des mauvaises définitions des compétences, des rôles et des pouvoirs entre les mairies et le Pouvoir central. En côte d’Ivoire, l’État n’a pratiquement jamais eu recours directement aux ONG pour exécuter des projets. Les Ministères et les organes techniques de l’État estiment qu’ils disposent de toutes les compétences requises pour exécuter les projet même quand ceux – ci concernent des échelles aussi fines que les quartiers. Les ONG n’accèdent à l’aménagement urbain et n’acquièrent leur légitimité qu’en traitant avec les maires. La décentralisation est donc le facteur qui leur permet de travailler.

La reconnaissance des collectivités locales et l’invitation faite aux populations de se prendre en charge par le canal des organisations de base font naturellement appel aux compétences des ONG dont la fonction est l’appui au développement local. Aussi est – il que si les structures décentralisées n’ont pas suffisamment de prérogatives, elles ne peuvent ni favoriser les ONG et leurs initiatives ni permettre aux ONG de s’engager à coté des communes dans des processus de coopération avec l’État.

L’allergie de l’Administration à travailler avec les ONG locales, et les insuffisances de la décentralisation sont à l’origine de la perte de ressources humaines considérables dont la mise en oeuvre aurait garanti un rendement élevé des équipes municipales, des taux meilleurs d’amélioration du cadre de vie local. La Banque Mondiale est arrivée en tenant compte d’autres projets qui ont échoué pour les raisons d’insuffisance de coopération avec les ONG et de décentralisation, qu’il fallait travailler en Côte d’Ivoire à lever ces freins. Aussi a-t-elle “forcé” le gouvernement ivoirien à initier le projet PACOM (Projet d’Appui à la Conduite d’Opération Municipale) en 1995. Ce projet consiste à lever tous les obstacles institutionnels afin de permettre aux mairies et aux ONG de conduire ensemble avec l’État des opérations de développement local.

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1)GREA: Groupe Régional de l’Eau Potable et de l’Assainissement
2)PACOM: Projet d’Appui à la Conduite d’Opérations Municipal