Restructuration de quartiers d’habitat precaire en Côte de’Ivoire. Le cas de Sokora à Aboisso



Les objectifs du projet furent-ils :



  • d’assurer la sécurité foncière des habitants,

  • d’intégrer le quartier à l’ensemble de la vie socio-économique de la ville,

  • de favoriser l’implication de la population dans les actions d’amélioration du cadre du quartier.

Ce projet a eu pour partenaires principaux :



  • le Ministère de la Construction et de l’Urbanisme, maître d’ouvrage central,

  • la municipalité d’Aboisso, maître d’ouvrage local,

  • la Direction et Contrôle des Grands Travaux (DCGTx), maître d’œuvre technique,

  • Française des Volontaires du Progrès, maître d’oeuvre social,

  • des Organisations Communautaires de Base (OCB), représentant les intérêts de l’ensemble de la population,

  • les structures déconcentrées de l’Etat,

  • les prestataires privés formels et informels etc…

L’acteur principal du projet fut l’AFVP. En effet celle-ci, sollicitée par les autorités municipales sur recommandation des autres acteurs institutionnels pour assurer l’accompagnement social des populations du quartier afin de favoriser leur implication dans la mise en oeuvre du projet, s’est vite vue jouer aussi le rôle d’interface entre des acteurs en présence s’ignorant ou se méprisant, chacun des intérêts et de manières de faire propres à lui.


Ce projet l’un des tous premiers du genre en Côte d’Ivoire donc non soutenu par des références et expériences, a été émaillé de conflits, de blocage, etc…, des actions qui n’ont pas favorisé une bonne conduite du projet. Cependant, cette expérience a permis aux différents partenaires notamment l’AFVP et les partenaires institutionnels, de capitaliser l’approche afin de mieux la reproduire sur d’autres sites au plan national.


Les conclusions et les recommandations


Le rappel des objectifs du projet


Le projet de restructuration initié à Aboisso avait pour objectifs:



  • de désenclaver le quartier de Sokoura par l’ouverture des voies primaires et l’amélioration des voies secondaires;

  • de favoriser l’accès à la propriété des habitants pour dégager, par la vente des lots, des fonds destinés à être investis dans la création d’équipements collectifs gérés par la population.

  • améliorer progressivement les conditions de vie des populations

Les principaux résultats obtenus et les leçons de l’expérience


Le projet de restructuration du quartier de Sokoura à Aboisso a permis d’assurer ”intégration physique du quartier à la ville par la construction des voies de liaison avec les quartiers planifiés, de mettre en place certains services et commodités de la vie urbaine: rue bitumée, eau potable. Le quartier bénéficie également du service de ramassage des ordures ménagères. Ainsi le quartier de Sokoura, jusque-là le plus démuni de tous les autres quartiers de la ville, devient progressivement un quartier moderne et modèle. Il y a eu également l’intégration sociale puisque les associations du quartier de Sokoura sont intégrées à celles des autres quartiers pour former l’Union des Jeunes de la Commune d’Aboisso.


La jeunesse d’Aboisso est aujourd’hui unie et peut parler d’une même et unique voix face aux pouvoirs publics pour des questions d’intérêt public. L’Union des Jeunes de la Commune d’Aboisso est l’organe représentative de l’ensemble des jeunes de la ville.


Le développement de la capacité d’initiatives, de démarchage auprès des institutionnels est un des acquis les plus significatifs. Dorénavant, les jeunes du quartier de Sokoura sont devenus crédibles.


Aujourd’hui, les actes sociaux posés par les jeunes de Sokoura sont reconnus par les autorités locales. Cette reconnaissance constitue en même temps une source de motivation supplémentaire. C’est cette forme d’assistance qui est demandée par les jeunes aux responsables afin de favoriser leur intervention sur le terrain.


Des cours de vacances sont dispensés dans le quartier de Sokoura depuis quelques années par des enseignants bénévoles. Le taux de succès des enfants aux examens scolaires très élevé Les taux de déperdition sont du coup fortement minimisés. Il en est de même pour la délinquance juvénile dans le quartier.


Malgré ces résultats, il subsiste encore des difficultés non moins importantes: le prix des lots peut être un facteur qui pourrait amener certains habitants à quitter le quartier pour aller s’installer sur des terrains vierges en périphérie ou la ville pour récréer un nouveau Sokoura.


Par ailleurs, les équipements collectifs dont la réalisation était supposée être assurée par les revenus tirés de la vente ne sont pas, jusqu’à présent, réalisés. La vente des lots n’est pas convenablement assurée. De même un des sous-objectifs du projet était le développement des activités économiques dans le quartier. Mais ici aussi, aucune action de ce genre n’a été menée à Sokoura, en particulier la formation des artisans qui devraient déboucher sur la création des emplois dans le secteur du bâtiment.


La restructuration des quartiers d’habitat spontané, parce qu’elle a permis des légalisations foncières, pourrait être à l’origine de la prolifération de quartiers sous-équipes dont les habitants pourraient s’attendre, à l’avenir, à une légalisation par les pouvoirs publics.


L’applicabilité aux niveaux national et international


La Côte d’Ivoire est en train de reformer sa politique nationale en matière de l’habitat. Cette reforme s’inscrit dans un contexte global de revue de l’ensemble du secteur urbain. Dans sa nouvelle politique, l’Etal ivoirien adopte une attitude claire face à la question de l’habitat précaire. Il entend désormais s’attaquer aux bidonvilles par la restructuration. Ainsi l’expérience acquise dans le projet Sokoura, une fois capitalisée, devrait pouvoir aider à améliorer les quartiers d’habitat précaire en Côte d’Ivoire. Mais des précautions doivent être prises afin d’éviter les écueils enregistrés tors de l’actuel projet.


Par ailleurs dans le cadre des échanges Sud-Sud, de plus en plus prônés parce que présentant de nombreux avantages, le projet Sokoura pourrait être un objet de coopération (séminaires, etc.). Mais la Côte d’Ivoire a des caractéristiques propres et constitue un exemple d’urbanisation relativement riche de ses contrastes.


Les recommandations


A la fin de la présente recherche, tout en tenant compte des difficultés et des facilités, on peut faire un certain nombre de recommandations afin de permettre une amélioration de la coopération entre le Gouvernement, les Organisations Non Gouvernementales et les Organisations Communautaires de Base. Ces recommandations portent sur sept grands points.


Un cadre juridique doit être mis en place pour préciser très clairement les rôles des uns et des autres. Tout se passe pour le moment dans un certain vide juridique qui fart que certains aspects semblent abandonnés alors que l’on constate des chevauchements ou des conflits de compétence sur d’autres points.


Dans la politique de restructuration des quartiers d’habitat précaire en Côte d’Ivoire, l’Etat procède à des régularisations foncières. Il doit en même temps veiller à ce qu’il n’y art plus de nouvelles installations sur des terrains vagues du domaine public. Cela ne peut se faire que dans la mesure où l’Etal prend en compte les populations urbaines à très faibles revenus. Il devrait mettre en place un certain nombre de mesures particulières: possibilité de crédit même pour ceux qui exercent dans le secteur informel, exonération de taxes, etc.


Les conditions de la gestion des terrains urbains ont été élaborées qui empêchent toutes transactions. Mais il semble que certains propriétaires sont progressivement en train de passer outre ces dispositions pour revendre leurs terrains, en sachant qu’il n’existe aucune possibilité de régularisation. Il semblerait qu’un nouveau petit Sokoura est en train de se créer par les attributaires des lots dans Sokoura restructuré qui ont décidé de revendre leurs lots.


L’expérience développée dans le cadre de ce projet a impliqué la participation d’une ONG internationale, ayant un savoir-faire reconnu dans le domaine de l’ingénierie sociale. Mais le départ de l’AFVP de Sokoura est annoncé pour dans un an. Déjà te vide que le départ de cette organisation commence à préoccuper les uns et les autres à Aboisso. On pense, en effet, qu’un retrait mal assurée pourrait avoir des effets très négatifs sur l’ensemble des activités déjà réalisées et à venir. Avant le départ de l’AFVP, celle-ci dort veiller à ce que l’élan associatif développé à Aboisso se pérennise. Il apparaît urgent que les populations, les autorités locales et l’AFVP oeuvrent à la mise en place d’une structure légère d’encadrement qui se chargerait de coordonner de stimuler les interventions des différents acteurs sur le terrain afin que 1 ensemble des objectifs du projet soient atteints. Elle veillerait à ce que les populations puissent elles-mêmes assumer leurs nouvelles responsabilités.


L’auto-construction qui devrait permettre aux populations d’améliorer leurs cadres de vie. Mais à ce jour, ce volet du projet n’a pas encore connu un démarrage effectif tel qu’annoncé dans les objectifs du projet. Le principal obstacle est 1 absence de techniciens qualifiés dans le domaine du bâtiment. La formation technique aux métiers du bâtiment en vue d’aide à l’auto-construction avec le géobéton doit être faite.


Les autorités locales, les populations, l’AFVP ou la structure de relais doivent tout mettre en oeuvre afin de permettre une amélioration de la capacité financière des associations Des activités économiques peuvent être développées aussi bien au niveau de Sokoura que de l’ensemble de la ville d’Aboisso.


Enfin bien que la Côte d’Ivoire soit en train de mettre en place une politique nationale en matière de restructuration des bidonvilles, il faudrait que la politique nationale de développement urbain adopté, apiès la revue du secteur urbain d´ il y a quelques années fasse l’objet d’une application réelle. Elle doit viser à atténuer les disparités qui créent l’a dichotomie dans les espaces urbains entre des secteurs urbains formels, planifiés et les secteurs urbains non planifiés ou informelles.