Virée dans le quartier de Ben Achour, Algérie

Virée dans le quartier de Ben Achour
La campagne en pleine ville

Les 12 000 habitants de Ben Achour, un quartier populaire situé dans la commune de Blida et jouxtant oued Beni Azza, se disent victimes de la marginalisation des autorités locales, alors que leurs doléances relatives à l’amélioration de leur vie quotidienne ne cessent de s’accroître.

Route défoncée, égouts à ciel ouvert et manque flagrant d’avaloirs, bourbiers en hiver et poussière en été, retard dans le raccordement au réseau gazier et dans la mise en marche de la station de traitement des eaux, absence d’un commissariat, de l’éclairage public ainsi que d’infrastructures de santé et de jeunes, omniprésence des habitations précaires et chômage sont autant de caractéristiques qui font le décor et surtout la malvie de la majorité des citoyens de ce quartier. « Nous manquons de tout ici à Ben Achour ! C’est comme si nous ne sommes pas des citoyens à part entière, même pas les moyens de transport alors que ce quartier est en pente longue de 3 km », nous dira un groupe de personnes rencontrées sur les lieux. Nos interlocuteurs n’ont pas cessé de nous montrer les ordures qui jonchent les différents coins de cette « favela » et cela est causé, d’après eux, par le manque d’entretien et le passage non régulier des agents chargés de récupérer les déchets ménagers. Et dire que « la misère » y est tellement visible dans ce quartier que n’importe quel visiteur peut constater plusieurs signes ostentatoires reflétant le manque de considération envers Ben Achour. Cela n’a fait que favoriser les fléaux sociaux qui ne cessent de prendre de l’ampleur, surtout auprès de la catégorie juvénile. Consommation de drogue, extrémisme en tout genre, agressions et vols demeurent des phénomènes qui caractérisent plusieurs jeunes de ce quartier. D’après Ammouri Tahar, élu de l’Apc de Blida et délégué au niveau de l’antenne de cette assemblée à Ben Achour, les doléances émanant de citoyens de ce quartier demeurent multiples et n’ont pas leur raison d’être en 2008. « Des familles continuent de vivre dans des conditions moyenâgeuses et des écoliers ont été carrément privés du chauffage dans les classes durant la saison hivernale », nous dira-t-il à titre illustratif. Pour Baïzid Abdelhamid, P/Apc de Blida, les problèmes de Ben Achour seront progressivement pris en compte et cela est une affaire de priorité. « Certes, l’état des rues est lamentable. Toutefois, nous ne pouvons pas procéder au bitumage tant que ce quartier connaît un programme de raccordement au gaz naturel, à l’assainissement et à l’eau potable. D’ailleurs, une grande étude a été lancée dernièrement afin de bien mener cette opération », insiste notre interlocuteur. Ce dernier qui reconnaîtra que la tâche n’est pas facile pour répondre à temps à toutes les préoccupations des habitants de Ben Achour, est allé jusqu’à avouer certaines « vérités » et entraves auxquelles fait face la mairie de Blida comme le manque de postes pour les agents d’entretien du quartier en question et les autres cités et rues de la ville des Roses. En ce sens, il nous informa qu’il faudra embaucher 300 éboueurs et agents d’entretien à travers la commune de Blida pour pouvoir prendre en charge la forte quantité d’ordures déversée quotidiennement par les citoyens. Une chose qui semble impossible vu le manque de moyens et un budget conséquent, indispensable pour ce genre d’opération. Enfin, tous les habitants rencontrés à Ben Achour espèrent que le recensement de la population, qui suit son cours ces jours-ci, va présenter aux autorités compétentes, et d’une manière concrète, ce que cache ce quartier comme misère profonde et marginalisation depuis plusieurs années.

Mohamed Benzerga, El Watan