Un hommage de HIC à Josse van der Rest, un militant des droits de l’Homme liés à l’habitat

Pendant la pandémie du Corona virus, nous avons perdu une grande figure des luttes pour la terre et le logement en Amérique latine, en Asie et en Afrique : le Père van der Rest. Son organisation SELAVIP, Servicio Latinoamericano, Asiático y Africano de Vivienda Popular, fait partie de HIC.

Josse, d’origine belge, est issu d’une famille de riches industriels du bâtiment (Eternit). Il a rejoint la Compagnie de Jésus en 1944 et a été délégué au Chili en 1958, où il a résidé depuis, s’il n’était pas à voyager quelque part dans le monde.

Il a appris l’espagnol et les dures conditions de vie de la population en vivant dans des «campamentos» à Santiago, les bidonvilles issus des «toma» (occupation de terrains) et du grand effort de l’auto-construction. Depuis lors, en espagnol et en français aussi, il employait un langage baroque, de la rue, sans grammaire ni littérature, plein de gros mots et de jurons.

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Une praxis marquée de hurlements et bagarres pour le rejet de toute forme de spéculation foncière, qui exclut les pauvres ainsi que leur nécessité de vivre en ville; et par l’apport d’une semence au début du long processus d’autoproduction assistée de l’habitat: la livraison d’une «mediagua», une petite cabane en bois de 3 mètres sur 6.

Au Chili, le Père van der Rest est très célèbre pour son travail à Hogar de Cristo, pour la Fundación Vivienda et sa grande usine d’éléments préfabriqués de bois à La Pintana, entre las Uvas et el Viento; pour avoir soutenu directement de grandes occupations de terrains, comme la toma Cardinal Silva Henríquez en 1983. Dans ses disputes contre les autorités chiliennes en pleine dictature, on l’a entendu vociférer : «Il faut faire le clown pour que ces abrutis comprennent quelque chose». Dans les années 90, il a inventé une modalité d’amélioration des maisons dans les quartiers populaires, en installant une chambre perchée sur des pilotis pour que les familles se sentent poussées une fois encore à arranger tout le reste du lopin, du logement.

Dans les sphères internationales, Josse van der Rest s’est fait connaître depuis le milieu des années 70 et spécialement à la première Conférence sur l’Habitat (Vancouver, 1976), par sa voix tonitruante, son rire et son sourire et son discours très direct: «52 % du monde est sans-abri», son livre d’introduction à la question de l’habitat, largement diffusé (1973) en plusieurs langues, où il introduisait ses préoccupations sur les conditions de surpopulation dont souffre la plupart des personnes partout dans le monde. Problème qui reprend beaucoup de son importance maintenant à l’époque de la pandémie.

Dans ces mêmes années, van der Rest, avec plusieurs amis jésuites d’Amérique latine – dont Alberto Jiménez de SERVIVIENDA (Bogota), Antonio Ibáñez de FUNDASAL (San Salvador), Pichi à Buenos Aires, Carlos Pozzo de CIRCA (Arequipa), Tío Paco García à Guayaquil – et avec le soutien de Misereor, notamment d’Eike Schütz, a créé Selavip, Service latino-américain pour le logement populaire. Par la suite, cette organisation s’est ouverte vers l’Asie – grâce au travail d’un autre jésuite, Jorge Anzorena, et ses principaux partenaires, Somsook Bonyabanch en Thaïlande et Bimbo Fernández aux Philippines – ; plus tard, en Afrique, grâce au travail de Joan Mac Donald.

Le développement international de Josse van der Rest et de SELAVIP s’est multiplié au moyen de centaines de voyages, partout dans le monde et dans tous les débats possible sur le logement. Il voyageait léger, avec un sac pendu à l’épaule, dans lequel se trouvait son oreiller, une bible et le modèle d’une des 500 000 mediaguas facilitées par la Fondation belge du même nom, qui a aussi soutenu des projets de dizaines d’Adhérent-e-s de HIC du monde entier.